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Nos campagnes ont été occupées depuis les temps les plus reculés. Des traces de toutes les civilisations qui se sont succédé en Europe
occidentale peuvent être retrouvées ici ou là dans le pays châtillonnais.
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Dans les années cinquante, le suivi de l'exploitation des gravières des moyennes terrasses de l'Indre et de ses affluents a mis au jour à
Fléré, Clion, Châtillon des industries du paléolithique en général remaniées. Des découvertes fortuites d'outils très anciens (plus de cent mille ans) ont été enregistrées sur
l'ensemble des communes du canton. Les silex taillés de près de cinquante mille ans sont en place à Bertins sur la commune de Cléré-du-Bois : les ramassages systématiques de J.-P.
Magnan ont permis l'identification d'un gisement du paléolithique moyen (Moustérien).
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Les phases finales du paléolithique sont présentes à Murs (Les Chaumeries), à Fléré (le cimetière), à Clion (le Pié de Bourges) et à
Cléré-du-Bois (Bertins).
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Les premiers agriculteurs éleveurs sédentaires s'implantent sur notre sol il y a environ cinq mille ans. On retrouve leurs traces notamment
par les outils de pierre polie. Un inventaire récent des polissoirs du département de l'Indre a montré une grande concentration sur le canton de Châtillon avec des polissoirs fixes
encore en place à Palluau (les Augères), Châtillon (la Fuye), ou transportés vers des musées comme celui du Tranger (les Chibauds). Les polissoirs portables sont encore plus
nombreux, plus d'une douzaine ont été recensés sur les communes du canton. Cette exceptionnelle concentration se justifie par la présence sur place de matériaux favorables, une
formation tertiaire démantelée a laissé un peu partout des blocs de quartzite de tailles très variable (de quelques kilogrammes à plusieurs tonnes). Les agriculteurs du néolithique
ont aussi utilisé ces blocs pour construire des monuments à vocation cultuelle ou funéraire : les menhirs et les dolmens. Si la mémoire de nombreux monuments est conservée par les
noms de lieux, seul reste en place le menhir de la Gambade à Châtillon. Le dolmen de Mazerolles au Tranger, bien décrit au 19ème siècle, n'a pas été retrouvé.
C'est vraisemblablement au néolithique que les sites de hauteur qui seront largement utilisés aux époques suivantes commencent à être occupés et aménagés. Des restes de ces
terrassements gigantesques ont été signalés à Châtillon (la Chauffetière), à Fléré (la Bataillerie) mais c'est Murs qui présente les vestiges les plus spectaculaires : au sud du
bourg, connu sous le nom de camp de César, un très fort rempart précédé d'un fossé barre l'éperon sur lequel le village s'est développé. Bien que partiellement détruit par des
travaux routiers ce vallum présente encore des dimensions impressionnantes, près de 100 m de long pour une dénivelée de plus de 10 m.
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Au cours du deuxième millénaire avant notre ère les premiers outils de métal apparaissent sur notre sol. La commune de Cléré-du-Bois a
livré, en 1980, un témoin exceptionnel des premières importations de métal : le lingot-torque en cuivre de la Couture, originaire d'Europe centrale. On ne connait pas dans notre
canton de site d'habitat des âges des métaux mais les tumulus, ces grandes buttes de terre à vocation funéraire, présents à Clion (Gennebault), à Châtillon (vallée du Palis) ou à
Cléré-du-Bois (Bertins) témoignent de l'occupation à cette époque.
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Aux âges du Fer notre sol est incontestablement berrichon, partie intégrante de la cité des Bituriges, qui couvrait un territoire un peu
supérieur au Berry actuel (Indre et Cher). C'est de la fin de l'indépendance gauloise que nous viennent les vestiges les plus significatifs. Sur la douzaine de tombes
aristocratiques trouvées dans la cité des bituriges trois proviennent de notre canton. La plus spectaculaire et la mieux connue est sans conteste celle de Fléré-la-Rivière (la
Bataillerie) découverte en 1968. Elle a servi de base à l'étude de ces tombes publiée en 1993 et permis de définir le groupe de Fléré-la-Rivière dans la classification des tombes
gallo-romaines précoces de tradition celtique. Au groupe de Fléré-la-Rivière se rattachent la tombe de Châtillon (le Moulin de la Grange) découverte en 1886, dont le très riche
mobilier est conservé au musée Dobrée à Nantes et la tombe de Palluau mise au jour lors du redressement du ruisseau de la Cité au lieu-dit «la Fosse Ronde».
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Les cinq siècles de paix romaine connurent une forte expansion démographique et un intense développement de l'agriculture dû notamment aux
vastes fermes implantées par de riches propriétaires. Les bâtiments de ces immenses exploitations sont révélés par la photographie aérienne, une maison de maître monumentale a ainsi
été décrite au Grand Mée à Clion. La villa de la Mazère à Arpheuilles a fait l'objet de fouilles partielles, le mur de clôture de la cour agricole a pu être suivi sur plus de 500 m
en longueur et 170 m en largeur, ce qui en fait la plus vaste ferme gallo-romaine connue en Berry. Bien d'autres lieux à Châtillon, Murs, Fléré, Cléré-du-Bois, Saint-Cyran ont
révélé des vestiges gallo-romains. Des noms de lieux comme l'Estrac (Murs, Châtillon) ou le Chemin de César (Fléré, Saint-Médard) évoquent les voies qui sillonnaient nos campagnes.
Des sépultures gallo-romaines ont été fouillées à Clion (Manson), d'autres ont été signalées dans le canton. Une mosaiques a été retrouvée lors de terrassements près du cimetière de
Châtillon.
Le site majeur de cette époque reste Clion, c'est d'ailleurs le seul village dont le nom gallo-romain "Claudiomagus", nous soit parvenu. Ce toponyme évoque une ville-marché placée
sous le parrainage de l'Empereur Claude (41-54). En 1980, les prospections aériennes de Jean Holmgren ont révélé sur le flanc sud du Pié-de-Bourges la présence d'un théâtre et d'un
sanctuaire clos comportant au moins deux temples et diverses annexes. Une nécropole a été localisée à proximité vers l'ancien abattoir. Divers objets mobiliers (fragment de bas
relief, torse d'homme en grès, statuette de sanglier en bronze, nombreux éléments de décor en marbre, mosaiques, monnaies et céramiques) ont été retrouvés lors des prospections dans
l'environnement immédiat. La présence de bâtiments publics (temples, théâtre) permet de supposer que l'agglomération de Claudiomagus a joué un rôle important lors de la romanisation
de notre pays châtillonnais.
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Ce n'est pas la seule originalité de Clion, Sulpice Sévère rapporte que Saint Martin, se rendant de Tours vers le Berry fit halte à Clion
dans un monastère de femmes : qu'une communauté de religieuses ait pu exister là, à la fin du IVème siècle, témoigne d'une christinisation très précoce qui annonce les périodes
suivantes de notre histoire.
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C'est la période où la christianisation et la mise en place des paroisses va donner à notre pays une organisation proche de celle que nous
connaissons aujourd'hui. Les villages, héritiers de l'occupation gallo-romaine vont peu à peu se mettre en place en suivant soit l'implantation des châteaux, soit celle des
communautés religieuses. A Châtillon par exemple, le prieuré de Toizelay qui donne naissance à la paroisse primitive est connu dès le VIème siècle et le château qui donnera
naissance à la ville actuelle est attesté par les textes au IXème siècle. Il ne nous reste rien des constructions de cette époque bâties majoritairement en terre et en bois et
toutes remplacées après le Xème siècle par des bâtiments en pierre. Cependant un aperçu de la distribution des populations nous est donné par la répartition des cimetières
mérovingiens à sarcophages de pierre. Ceux qui sont connus à Clion, Murs, Cléré, Châtillon, Palluau nous montrent que la quasi totalité des paroisses qui existent à la veille de la
Révolution sont déjà implantées à la fin du premier millénaire.
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L'organisation spatiale des populations ne connaîtra plus de grand changement ce qui nous permet de poursuivre notre propos commune par
commune. La place nous manque ici pour une étude exhaustive du deuxième millénaire, nous ne présenterons donc que les éléments essentiels du patrimoine monumental hérité des dix
derniers siècles.
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